Hardi
PORTRAITS ET PARCOURS
Je m’appelle Amadou, j’ai 25 ans et je suis aux Fioretti depuis 3 mois. Je viens de Guinée Conakry, et je suis arrivé en 2025 en France. J’ai vécu 3 mois à Oloron-Sainte-Marie avant d’arriver à Pau. C’est mon assistante sociale qui m’a présenté un autre guinéen qui venait déjà aux Fioretti, car je lui avais parlé de mon sentiment d’isolement. Je cherchais à m’intégrer dans cette nouvelle ville. A ma première visite on m’a très bien accueilli au jardin, j’ai pu visiter et cela m’a convaincu à commencer ce bénévolat. Au début j’étais très timide mais petit à petit je me suis senti à l’aise avec tout le monde. Je n’avais pas de connaissances en agriculture, j’avais juste connu le petit jardin de ma mère.
Ce que je préfère ici, c’est de pouvoir faire de la menuiserie, j’ai appris à me servir de beaucoup d’outils et de machines afin de construire différentes structures pour les cultures. J’aime aussi le moment des récoltes avant le marché.
Ce jardin m’a beaucoup réconforté grâce au contact avec les autres, je m’y sens très à l’aise et je sens que tout ce que j’apprend va m’aider dans ma vie future. Je voudrai remercier infiniment l’équipe des Fioretti de m’avoir accueilli et appris tant de choses.
Le mot de Pierre-Emmanuel
FONDATEUR DES FIORETTI
Hardi a été un pilier du jardin pendant une longue période. Il se présente pour la première fois en Avril 2021 avec une accompagnatrice sociale, sans parler français, sans connaissances poussées dans le jardinage, mais « je veux m’occuper, je n’en peux plus de rester chez moi » explique-t-il dans un anglais « international ». D’abord parti d’Irak, il est resté un an en Turquie, deux ans en Grèce, a failli laisser sa peau dans la mer méditerranée pour rejoindre l’Italie, et après maintes difficultés le voilà au jardin. Grand, costaud, un air doux avec une regard débordant de bonté, nous apprécierons plus tard comment un tel portrait contraste avec un parcours de vie des plus douloureux. « Avant, je voyais trop le mal, je n’étais pas bien, je ne connaissais personne. Ici j’ai rencontré des gens, je me suis occupé la journée, c’était très bien !»
Sur le plan pratique Hardi nous a apporté ses compétences, notamment en gros œuvre pour ce qui est de faire du béton, et sa force surhumaine pour tous types de travaux, notamment les plantations d’arbres. Il en a aussi acquises sur place notamment en menuiserie, le maniement de différents outils électriques, travaux divers, entretien des cultures mais surtout en français : rapidement au bout de quelques mois nous pouvions communiquer, et un an échanger couramment ! C’est là toute la force du modèle : les cours de français au jardin donnent des connaissances théoriques, les activités offrent la pratique.
Sa présence a inspiré tout le monde au jardin. Dans un autre contexte on pourrait le comparer à une sorte d’ermite, vivant en dehors des contingences matérielles et s’en désintéressant royalement, ascète malgré lui et porté essentiellement sur l’humain, ne se préoccupant que de faire le bien, lui pourtant si maltraité par la vie. Au fil des mois Hardi est devenu un ami, il garde aujourd’hui un lien d’attachement au jardin même après être entré dans la vie active et donc peu disponible. « Après avoir eu mes papiers j’ai travaillé dans les façades, puis dans la menuiserie, puis dans le métal. Actuellement je travaille à temps plein, je n’ai plus le temps de passer au jardin mais ça me manque. »
« Ici c’était un peu ma deuxième maison. Moi je n’ai pas de famille, je n’ai rien. J’étais trop bien ici, calme, content. Ça m’a aidé pour retrouver une motivation ».
Il y a là une question profonde : comment un être ayant si peu peut apporter autant ? Car le cœur d’Hardi est d’une richesse inépuisable, et a fait vivre le jardin qui y a plongé, pendant quelques temps, ses racines.