Mars 2025

C’est le tout début du printemps, et si l’on tend l’oreille on perçoit un léger flux de sève sortir d’une source secrète à quelques centimètres sous la surface. Ce flux pénètre les minces racines comme un ruisseau descendant dans son lit, les réveilles de leur torpeur hivernale en leur rendant un sursaut de vie. Et le voilà qui entre dans une imposante charpentière, où les ruisseaux se rassemblent pour devenir rivière. Les rivières s’accumulent pour devenir un fleuve jaillissant dans un tronc soumis à rude épreuve. Commence vers le ciel une course éperdue, comme si l’eau voulait retourner d’où elle était venue. Passée une certaine hauteur, la plante, épuisée de contenir un flux d’une telle vigueur, répartie l’eau dans ses branches pour diluer son ardeur. Puis ce sont les bourgeons, maigres portes de sortie, qui en premiers cèdent à la pression. Et là où l’on s’attendait voir jaillir une source s’ouvre… une fleur !
Nos arbres transforment bien l’eau en fleurs, et en tant d’autres choses encore ! (ça marche aussi pour les asperges, mais c’est déjà moins poétique)

Vous vous souvenez peut-être, mais l’année dernière vous avions greffé un pommier. La greffe a bien fonctionné et s’est élevée à plus de deux mètres, mais une malédiction (qui se trouvait dans un coup de vent) l’a arrachée à l’automne. Tout était à refaire. Alors nous l’avons refaite, cette fois-ci il faudra mettre des tuteurs lorsque les poussent auront pris de la hauteur. Pour innover, nous avons greffé trois variétés sur le même arbre. Ce fut aussi l’occasion de greffer d’autres arbres du jardin (pommes, prunes, cerises…).

Nous en avions parlé dans le précédent article : la serre abri de piscine était en cours de montage. Et bien cette fois c’est fini pour de bon, la serre est montée et prête à recevoir les cultures. Cela a demandé un gros effort mais le résultat est très satisfaisant !

Et ce n’est pas tout, nous l’avons aussi aménagée en ajoutant sur les côtés deux demi-planches de cultures, des tuteurs ainsi qu’une structure permettant de poser des bacs de semis. Il a fallu en plus allonger les semelles de béton pour étirer la serre davantage, celles-ci étaient un peu courtes….

Nous avons eu la chance de recevoir un cours de fabrication de papier par Marjolaine, qui souhaite se spécialiser dans ce domaine par la suite en tant qu’artisan d’art. La base est faite de papier recyclé broyé auquel on ajoute des extraits de plante pour avoir un papier personnalisé qui en soi est déjà une œuvre d’art !

L’activité de pépinière bat toujours son plein, le mois de Mars est chargé en semis sous serre. L’objectif est de produire les plants pour le jardin, mais aussi de pouvoir en vendre sur notre stand.

Les ventes ont d’ailleurs démarré ! Brigitte a retrouvé son poste de vendeuse en proposant les premiers plants (aromates et blettes) dont nous sommes très fiers.

Bien sûr il y a toujours beaucoup de vie au jardin, comme chaque mois un aperçu en images :

…et en bonus :

Avant de se quitter, une fleur incroyable : la passiflora edulis, fleur de la passion, qui doit donner naissance au fameux fruit de la passion : le maracuja, aussi appelé grenadille. Donné comme non rustique et incultivable en France métropolitaine, il a passé l’hiver en serre froide et fleurit ! Aura-t-on des vrais fruits de la passion à Pau ? Vous en serez tenu au courant dans les prochains articles…

Travaux d’hiver

Nous n’avons pas pris le temps de chercher, mais il existe peut-être déjà un article nommé « travaux d’hiver ». C’est parce que tous les hivers sont consacrés aux travaux : on ne peut en effet rien faire d’autre puisque le jardin est au repos, sauf peut-être manger et s’amuser (mais si cela constituait l’essentiel de nos activités cela ne ferait pas très sérieux). Alors pour défendre la réputation besogneuse mais conviviale des Fioretti, nous faisons des travaux d’hiver en mangeant et en s’amusant. Et les chantiers avancent d’autant mieux ! Les photos suivantes vous en donneront la preuve, si vous prenez la peine de « scroller » jusqu’au bout…

Tout d’abord, le montage de la serre abri de piscine a commencé, chantier laborieux, technique et nécessitant toute notre force vive. L’objectif est que la structure soit en place au mois d’Avril au plus tard pour recevoir les premières plantations de tomates. L’abri nous a été généreusement donné et livré, il a fallu assembler les portions entre elles et remplacer les quelques parties abîmées.

7 portions sont à assembler, il ne reste plus que les trois plus grandes !

Le mois de Février est le moment de démarrer les premiers semis. Dans notre cas ce sera quelques blettes, épinards, oignons, fruits de la passion, etc.

Nous avons par ailleurs entrepris la construction d’une pergola en bambous, avec l’aide de Bianca en stage pour deux semaines au jardin.
Cette structure servira à soutenir des vignes et des kiwis, les bambous sont scellés dans des plots de béton pour tenir dans la durée.

Autre chantier, mené par Matthieu qui nous a rejoint pour deux semaines bénévolement : un râtelier pour ranger les planches de bois qui s’accumulent joyeusement dans un désordre qui nous ait devenu familier, mais choquant pour nos visiteurs. Et puis on est toujours plus efficace en travaillant dans un environnement bien ordonné !

Comme la météo de ce mois est plutôt favorable, c’est aussi le moment de couler des plots béton pour refaire nos tuteurages bambous abîmés par le temps. Auparavant nous plantions les bambous à même le sol mais nous avons constaté un pourrissement au bout de deux à trois ans. Une base béton permet à la fois d’avoir une structure plus solide (cela épargne les renforts) mais surtout plus durable. Moyennant un peu plus d’effort et de dépense…

Les abeilles reprennent les activités, et Joël ses animations grâce au rucher pédagogique (ci-dessous avec un groupe scolaire).

Et à part tout cela les petits chantiers sont nombreux, tout le monde participe à sa hauteur ! Ils ne seront pas détaillés ici puisqu’il y en a bien trop, chaque journée apportant son lot de chantiers, mais voilà quelques aperçus…

Fait insolite ayant fait l’objet d’un reportage en interne : la chasse d’un pigeon par un épervier. Ce fut l’occasion de faire la rencontre de ce rapace, qui dans l’imaginaire collectif porte un message plutôt sympathique étant le célèbre héro d’un jeu très apprécié des petits (plut trop des grands par contre) rythmé par la phrase célèbre : « épervier, es-tu prêt ?? ». Pour ma part la relation avec l’épervier s’était arrêtée là, chaque partie étant à sa manière satisfaite : moi-même portant un agréable souvenir de cette bête associée au jeu, et l’épervier adoré pour ce qu’il n’est pas vraiment…
Car c’est en fait un redoutable oiseau de proie, un prédateur tuant froidement des bêtes innocentes sans aucune forme de procès et ne cherchant à aucun moment à se dissimuler. Nous avons assisté à une scène digne d’un film de Tarantino, où le meurtre est banalisé et sanglant. Mais cher lecteur, n’en voulez pas à l’épervier : il n’y peut rien et ne voit pas le mal dans ce qu’il fait. N’ayant pas découvert la culture il en est encore au stade des chasseurs cueilleurs, et il y a 10 000 ans nous n’aurions peut-être pas fait mieux. Compréhensifs et convaincus qu’il vaut mieux « faire avec au lieu de lutter contre », nous n’avons pas cherchés à nous interposer et avons été spectateurs uniquement, en ne manquant pas certains clichés qui auraient pu faire la première page de Chasse Magazine. Et puis bizarrement, lorsqu’il s’agit d’un pigeon on est peut-être un peu moins sensible…


Mais cela n’empêche pas le jardin de rester un lieu convivial où nous pouvons nous retrouver autour d’un bon repas par exemple, ou autre.

Côté jardin c’est calme, comme on s’y attendait.

A bientôt pour de nouvelles aventures !